Littérature française

Sarah Biasini

La Beauté du ciel

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photo libraire

Chronique de Christine Milhès

Librairie Privat (Toulouse)

Dans La Beauté du ciel, Sarah Biasini nous conte une histoire de mère, de mort et d’amour. Et de renaissance, sous le regard de sa fille Anna à qui ce texte, à la manière d’une longue lettre, est adressé.

Avec ce récit émouvant, Sarah, vous nous offrez là l’histoire d’une mère et d’une fille mais surtout d’une fille devenant mère. Au travers d’une longue lettre adressée à Anna, votre enfant, vous nous racontez comment vous vous êtes construite à l’ombre d’un mythe et en quoi la naissance de votre fille vous a fait mère et vous a aidé à faire votre deuil. En un incessant va et vient, à l’image du ressac de la mer, vous nous entraînez dans votre histoire où la mort et l’amour, en un trop vaste tourbillon, se sont longtemps côtoyés. Vous vous souvenez de votre mère, Romy Schneider, trop tôt disparue, à peine un an après votre frère David, alors que vous n’aviez que 4 ans. Mais dans tout ce malheur, comme vous l’écrivez à Anna, vous avez été aimée, chérie, embrassée... par votre grand-mère qui veille encore sur vous, votre père, votre famille qui a toujours su parler de ses morts et de l’Absente. Ils vous disent lors des repas familiaux que « pour ne pas pleurer, ils doivent parler » et ils vous parlent d’Elle, « eux (qui) ont ri avec elle, ont parlé des heures, ont bu, mangé, se sont baignés avec elle, l’ont touchée, embrassée, enlacée, consolée ». Aujourd’hui, à 43 ans, l’âge où Romy est morte, vous ne nous offrez pas, avec ce roman La Beauté du ciel, une énième biographie de la comédienne qu’elle était, mais bien plus. À la manière d’un peintre pointilliste, au fil du récit, vous la décrivez par petites touches pleines d’élégance, à l’image de ce qu’elle était. Vous nous entraînez dans vos rencontres avec Michel Piccoli, Claude Sautet... où l’émotion et la tendresse sont à fleur de peau. Au fur et à mesure où vous vous découvrez mère de votre fille, vous vous réappropriez Romy, votre mère et non l’icône de cinéma. Comme vous le dites : « son nom ne m’intéresse pas, il n’y a que ma mère qui m’intéresse ».