Littérature étrangère

Angel Parra

Bienvenue au paradis

photo libraire

Chronique de Vincent Ladoucette

Librairie Privat (Toulouse)

Exclu du Chili peu après le coup d’État de Pinochet, puis contraint de mettre fin à son exil lorsque sa compagne découvre son amour passionnel pour un Argentin, Andrés retourne dans un pays d’origine qu’il ne reconnaît pas. Régulièrement soumis aux caprices de sa mémoire, il multiplie références et retours en arrière. La forme du roman traduit parfaitement le pouvoir qu’exercent les souvenirs sur le narrateur. Qu’il porte son regard acéré sur la politique, les changements sociaux, l’amnésie qui frappe ses compatriotes, l’impunité ou les brumes du passé, Andrés ne fait jamais preuve de rancœur ni de complaisance. La poésie n’est pas absente de ce beau récit, parfois jubilatoire, sur la dépossession de soi liée à l’exil et le désir de réparer l’injustice, sujets douloureux traités avec une verve impressionnante et une ironie qu’Ángel Parra manie à merveille. Car, dit-il, « un peu d’humour et même les drames personnels paraissent moins tragiques. »

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