Littérature étrangère
Naoise Dolan
Rien de sérieux
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Naoise Dolan
Rien de sérieux
Traduit de l'anglais (Irlande) par Nathalie Peronny
Les Presses de la Cité
18/03/2021
304 pages, 21 €
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Chronique de
Thomas Bloyet
- ❤ Lu et conseillé par 1 libraire(s)
✒ Thomas Bloyet
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Sélectionné pour le Women’s Prize of Fiction, le roman de Naoise Dolan est une fable moderne, une partition douce-amère reposant sur un ténu équilibre entre un cynisme décomplexé et une empathie réelle pour ses personnages.
Si je vous dis Oscar Wilde, Samuel Beckett, James Joyce ou Jonathan Swift ? Oui, tous sont écrivains. Et oui, tous sont Irlandais. On se souvient visiblement plus facilement du trèfle que de la plume, quand bien même le trèfle flétrit plus vite que l’encre sèche sur du papier. Pourtant, ces écrivains, chacun à leur manière, ont parlé de leur temps avec une acuité et un humour qui n’ont jamais laissé de marbre les lecteurs. À sa façon, Naoise Dolan fait honneur à ses prédécesseurs. Publié par l’entremise de Sally Rooney (l’auteure de Normal People), son roman est encensé outre-manche : on raconte que même les moutons seraient emballés. Comme eux (je parle de ses prédécesseurs, pas des moutons), Naoise Dolan a beaucoup voyagé et son regard n’en est que plus aiguisé. Et c’est à Hong Kong qu’Ava, jeune professeure irlandaise et personnage principal du roman, pose ses valises pour tenter de se faire sa place, entre les loyers exorbitants, les boulots mal payés, et surtout des relations, car c’est dans ses rencontres qu’Ava se plonge, faisant glisser sa quête de soi vers une quête des autres. D’un(e) autre, en l’occurrence. Si Hong Kong est loin de L’Irlande, cette distance permet à l’auteure de critiquer d’autant plus férocement le puritanisme qui se répercute comme des piqûres de rappel dans les faits et gestes d’Ava, provoquant une distorsion dans sa propre conscience. Cette tension qu’impliquent les impératifs sociaux sur l’estime de soi traverse tout le roman et apporte un regard saisissant sur les problématiques actuelles des nouvelles générations, piégées entre des préoccupations mondiales toujours plus grandes et donner du sens à leurs propres existences, aussi petites soient-elles. Et ça, c’est très sérieux.