Remonter la Marne

Après nous avoir relaté ses voyages dans de lointaines contrées, Jean-Paul Kauffmann invite à une promenade près de chez nous. Pendant un mois et demi, il remonte à pied le cours de la Marne à un rythme de treize kilomètres par jour, partant de la confluence avec la Seine, près de Paris, jusqu’au plateau de Langres. Il n’emporte avec lui que trente kilos essentiels : « une boussole, quelques cartes, des jumelles, des livres et des cigares logés dans un étui en cuir ». Des livres… car l’on croise sur les bords de la Marne La Fontaine, Ponge, Bossuet, Simenon, Diderot, etc. Les digressions savantes de l’auteur rappellent aussi le rôle de cette rivière dans l’histoire de France, la fuite de Louis XVI, par exemple, ou la bataille de la Marne, l’occasion pour Kauffmann d’évoquer la mémoire de son grand-père. On retiendra aussi la passion de l’auteur pour le champagne et sa curiosité d’érudit en quête constante de connaissances, même les plus légères, comme ce passage sur l’origine du mot guinguette. Mais la marche favorise avant tout les rencontres : un charon amateur, un Japonais féru de champagne, un maître d’hôtel consciencieux… et un ami qui lui fera découvrir ce qu’est la rambleur, cette mystérieuse clarté entre eaux et ciel. Un portrait optimiste de la France.