Polar

Martin Cruz Smith

Moscou, cour des miracles

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photo libraire

Chronique de Christophe Dupuis

Pigiste ()

Cette septième aventure de l’inspecteur principal Arkady Kyrilovitch Renko se joue entre la recherche d’un bébé disparu 
et le meurtre d’une prostituée, et se déroule dans ce si particulier quartier moscovite qu’est Les Trois Gares.

Il n’y a pas à dire, la Russie inspire les écrivains, que ce soit avec des polars qui prennent pour contexte la dictature stalinienne (Sam Eastland ou Tom Rob Smith) ou la période contemporaine (Thierry Marignac ou Marc Ruscart, par exemple). Martin Cruz Smith, une trentaine de livres à son compteur, a entamé sa série avec Arkady Renko il y a trente ans (Gorky Park, Laffont 1981). Fruit des transfuges de directeur de collection, ce nouvel épisode sort chez Calmann-Lévy sous la direction de Robert Pépin, qui avait publié l’avant-dernier roman (Le Spectre de Staline) de l’auteur au Seuil policier. Deux histoires cohabitent dans ce livre, celle de Maya, une quinzaine d’années, qui fuit on ne sait qui ou quoi (au début) avec son bébé de trois mois. Elle est dans un train en classe économique (surnommée « à la dure ») et roule vers Moscou. Suite à une embrouille, elle se réveille un matin à la gare de Moscou, train vide, bébé volé. Maya est seule et ne connaît personne. Heureusement pour elle, Zhenya, gamin désœuvré qui fréquente tous les recoins de la gare, lui propose son aide. Elle accepte mais insiste sur une chose : ne surtout pas prévenir la police. Dommage, Zhenya a des liens particuliers avec Arkady Renko. Renko qui – mais ça Zhenya ne le sait pas – n’est pas loin. Il est sur la place Komsomolskaya, surnommée Les Trois Gares par les Moscovites, car c’est dans ce quartier que se trouvent les terminaux ferroviaires des principales gares de la capitale, ainsi que « les forces convergentes de deux lignes de métro et dix voies de circulation. » Mis au placard par sa hiérarchie, Renko est appelé avec un collègue pour constater la mort d’une prostituée. Pour le représentant de la Milice du coin, l’affaire est simple, et il n’est pas question de s’embêter pour si peu. Pour Renko, que deux ou trois détails tarabustent, il y aurait bien meurtre derrière tout ça. Au mépris des consignes de sa hiérarchie, il se lance dans l’enquête. Si Moscou, cour des miracles n’est pas le meilleur de la série, il vaut toujours par sa description des mutations moscovites (si cela vous intéresse, lisez l’excellent Fuyards, de Thierry Marignac – Rivages) et l’ancrage particulier sur la place Komsomolskaya. Les deux intrigues sont bien menées, on regrette juste le dénouement trop rapide et joyeux.