Littérature française
François Vallejo
Métamorphoses
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François Vallejo
Métamorphoses
Viviane Hamy
23/08/2012
336 pages, 21 €
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Chronique de
Max Buvry
Librairie Vaux livres (Vaux-le-Penil) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Marie-Paule Baugartner-Sendron de Virgule (Longwy)
- Coline Meurot de L'Interligne (Lille)
- Max Buvry de Vaux livres (Vaux-le-Penil)
- Christine Lechapt de Maison du livre (Rodez)
- Philippe Soussan de Les Vraies Richesses (Juvisy-sur-Orge)
- Aline Bailliet de Françoise Giroud (Colombes)
✒ Max Buvry
(Librairie Vaux livres, Vaux-le-Penil)
Étudiant brillant, Alban Joseph se métamorphose en Abdelkrim Youssef. François Vallejo confirme son talent pour dresser des portraits saisissants et intenses. Il aborde la thématique brûlante de la conversion à l’islam radical par le biais des réactions d’une jeune femme qui peine à admettre la mutation inattendue et énigmatique de son frère.
Alix Thézé demeure interdite en apprenant brutalement, par un ami commun, que son demi-frère s’est converti à l’islam. Elle se remémore les instants heureux et paisibles de leur enfance, mais se souvient aussi de son exceptionnelle volonté d’aller au bout de ses choix, sans limites, faisant fi de tous les dangers. Même s’ils ne se voient maintenant qu’épisodiquement, elle n’a jamais oublié ni abandonné son « demi », qu’elle a aidé, aimé, soutenu tandis que leurs parents absents ne s’occupaient guère d’eux. K.O., elle reste figée dans une incompréhension totale : son demi serait devenu un étranger et aurait même changé de nom pour devenir Abdelkrim Youssef. Alban Joseph est un brillant étudiant en chimie moléculaire et sa rencontre avec l’islam provoque une mutation aussi bien physique que morale. Le récit se construit autour des réactions, doutes, colères, interrogations d’Alix, de sa consternation devant cette conversion inattendue, de son désarroi de n’avoir rien vu venir, de n’avoir rien pu éviter, de son refus d’accepter ce que son frère qualifie de renaissance. Ses sentiments oscillent entre incompréhension et culpabilité. En espérant et en tentant de le retrouver, de le comprendre, elle ouvre les portes d’un monde inconnu piloté par la croyance et le fanatisme. Elle s’efforce en vain de le convaincre, mais aussi (voire surtout) de se convaincre : « … fanatique, fanatisme, on a vite fait de se débarrasser des gens qui croient à quelque chose de plus grand qu’eux, en les salissant et en les traitant comme des fous intolérants. » L’innocence et la candeur ont notoirement disparu de ce monde où règnent manipulations, luttes d’influence et coups tordus par les musulmans et entre les musulmans eux-mêmes, mais aussi par la DCRI qui n’est jamais loin… Alban Joseph et d’autres ne sont que de pauvres jouets entre les mains d’organes obscurs et ambitieux. Néanmoins, à sa grande surprise, cette mutation profonde n’a pas éteint la tendresse qu’Alban ressent toujours pour sa sœur et elle espère encore un dialogue malgré le fossé qui les sépare et se creuse inexorablement. Elle est déterminée à le soustraire à un destin tragique. L’intrigue progresse efficacement au cœur de deux mouvements antagonistes : élargissement quand le récit intime et personnel rejoint l’universel, rétrécissement quand nos sociétés se retrouvent minées par la progression généralisée du communautarisme. Comme dans chacun de ses romans, François Vallejo emporte son lecteur aux côtés de personnages puissants, évoluant au sein d’un récit tendu et vivant où il aborde cette fois frontalement les dérives de nos sociétés contemporaines. Le lecteur est tenu en haleine du début à la fin. L’auteur évite de porter un jugement définitif en préférant susciter réflexion et questionnements, puissent-ils être salvateurs ! Un roman intense au cœur de thématiques que l’actualité sait nous rappeler, parfois, avec violence.