Essais
Delphine Minoui
Les Passeurs de livres de Daraya
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Delphine Minoui
Les Passeurs de livres de Daraya
Seuil
05/10/2017
144 pages, 16 €
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Chronique de
Marion Hanriot
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❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Juliette Retamal de La Terrasse de Gutenberg (Paris)
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
- Christine Milhès de Privat (Toulouse)
- Joëlle Guinard de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or ()
✒ Marion Hanriot
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En cette époque où les conflits idéologiques sanglants prolifèrent, un récit raconte la nécessité vitale d’avoir accès aux livres pour rester en vie. Une magnifique illustration des vertus puissantes de la bibliothérapie.
Daraya est une ville syrienne à quelques kilomètres de Damas, mais c’est aussi un symbole de la révolution pacifique syrienne. Rappelez-vous ces rassemblements de 2011, où les manifestants offraient des roses et des bouteilles d’eau aux soldats du régime de Bachar el-Assad. Mais en août 2012, tout bascule. Le régime syrien souhaite éradiquer toute contestation et prendre possession de la ville. Il justifie son action en accusant les forces rebelles d’être proches des terroristes de Daech. En quelques jours, 200 000 habitants fuient la ville. Ne resteront que 20 000 civils et des poignées de combattants décidés à résister coûte que coûte. En 2015, la journaliste Delphine Minoui découvre sur Internet une photo qui l’intrigue : des combattants dans une pièce remplie d’étagères de livres, autrement dit une bibliothèque sous les bombes. Elle arrive à établir le contact avec eux, qui lui racontent cette histoire incroyable de résistance, grâce aux livres, portes d’accès à la réflexion et donc à la liberté. Pendant un an, elle va être en contact régulier avec eux via Skype, WhatsApp, Facebook. Impossible de se rendre sur place. Au quotidien, elle recueille leur témoignage, le quotidien hallucinant d’une ville assiégée où des enfants souffrent de malnutrition à cause du blocus. Mais ils tiennent, notamment grâce à cette bibliothèque, ce lieu de sociabilité et d’accès à la connaissance, donc à l’altérité. Ils s’appellent Ahmad, Sharif, Hussam, Omar, et tous ont une histoire, un moi individuel et pensant qu’ils cultivent et renforcent par leur lecture. « À Daraya, comme en prison, les lecteurs syriens y puisent, non pas une réponse préfabriquée, mais des clefs de survie dans un environnement hors normes. » Un livre beau et nécessaire, celui de la tragédie du siège de Daraya, où durant quatre ans des hommes et des femmes ont résisté, notamment grâce à de simples livres.