Les Malvenus

Nous sommes en 1917. L’hiver et la guerre s’imposent quand un drame de plus vient bousculer le bourg désolé de Haut-de-Coeur. Le bras droit du maire de cette commune de Bourgogne est retrouvé mort dans une cave. Commence alors une investigation des plus coton pour l’enquêteur Matthias Lavau et son assistante Esther Louve. Le mort, Thomas Sorel, est l’homme le plus détesté du village : tous les habitants sont enchantés de le savoir bientôt enterré. Il ne sera pas évident pour Matthias Lavau de garder la tête froide et de se montrer objectif. Déjà parce que ce n’est pas du tout dans son tempérament, mais aussi parce que les suspects sont pour la plupart ses proches, ses amis, sa famille. Matthias est orphelin, il a grandi au couvent des Ursulines sous le regard doux et attentif de Soeur Marie (actuelle suspecte) avec son frère de cœur Antoine de Maison-Rouge (actuel suspect), Adèle (femme du mort et actuelle suspecte) et Thomas Sorel (actuellement mort). Dans Les Malvenus, les personnages sont nombreux. Il n’y a pas un personnage principal mais plusieurs protagonistes nouant des liens élaborés les uns avec les autres et avec de nombreux personnages secondaires qui eux-mêmes sont en lien les uns avec les autres et avec des personnages de troisième plan. Audrey Brière élabore ainsi une large palette de personnages à la fois romanesques et empreints de véracité avec une histoire, un passé. Grâce à des adjectifs savamment choisis, un détail sur leur façon de parler, une particularité physique, ils habitent le récit et sont l’un des atouts principaux du roman. Dès la fin du premier chapitre, notre curiosité est éveillée : nous souhaitons évidemment avancer dans l’enquête mais aussi apprendre à mieux connaître Matthias, Esther et tous les autres. Les autres forces d’Audrey Brière ? Une maîtrise du ton et de l’ambiance. Les personnages et les intrigues sont multiples mais pour autant, le récit avance en permanence et ce, grâce à un style mordant et des dialogues percutants. Le bandeau sur la couverture signé du libraire Jérôme Dejean ‒ « Entre Pierre Lemaitre et Fred Vargas, un polar sombre et envoûtant » ‒ donne le ton de ce roman policier addictif. Peut-être le premier tome d’une série ? Je l’espère avec beaucoup de force tant j’ai quitté à regret Haut-de-Coeur, ses habitants et son loup.