Polar

S.K. Tremayne

Le Doute

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photo libraire

Chronique de Hélène Woodhouse

Librairie Le Bateau Livre (Lille)

Dans ce faux premier roman, S. K. Tremayne utilise habilement le thème de la gémellité, évitant les clichés. Il prend un malin plaisir à semer le doute dans la tête de ses personnages, et surtout dans celle du lecteur !

On ne sait pas qui se cache derrière le pseudonyme de S. K. Tremayne, mais l’éditeur nous prévient qu’il s’agit d’un romancier britannique à succès. Les amateurs de retournements de situation et de huis clos angoissants peuvent se réjouir, car Le Doute est une véritable réussite de ce point de vue. Angus et Sarah sont les heureux parents de deux adorables petites jumelles, copies conformes l’une de l’autre, et font partout figure de famille idéale. Jusqu’au jour où survient le premier drame : l’une des deux sœurs, Lydia, meurt dans un accident alors qu’elle n’est âgée que de 6 ans. Pour tenter d’échapper à l’horreur qu’est devenu leur quotidien, le couple décide de partir s’installer sur une petite île écossaise dont ils viennent d’hériter, espérant pouvoir créer les conditions d’un nouveau départ, pour eux comme pour leur fille désormais unique. C’est alors que cette dernière commence à expliquer à sa mère qu’elle n’est pas Kirstie, comme ses parents la nomment depuis quatorze mois, mais bien Lydia, l’autre, la morte. Dans la tête de Sarah, tout s’emballe : ont-ils pu commettre cette effroyable erreur ? Doit-elle en parler à son mari, avec qui elle a du mal à communiquer depuis l’événement ? Leur fille est-elle en train de devenir folle ? Alors que l’installation sur l’île s’avère bien plus rude que prévue, Sarah peine à gérer la situation. Pourtant, elle est bien loin d’avoir tout découvert… Que s’est-il réellement passé ce jour-là ? Alors que l’on pense maîtriser à peu près tous les éléments de l’énigme, S. K. Tremayne ne cesse de nous désorienter. Ce thriller très bien construit, dont l’environnement hostile compose un personnage à part entière, bluffe de bout en bout. Vous êtes prévenus : Torran Island n’a pas grande chose à voir avec l’Écosse des cartes postales.