Littérature française

François Sureau

Le Chemin des morts

illustration
photo libraire

Chronique de Beñat Ospitaletche

()

Début des années 1980. Les radios sont désormais libres, la cocaïne pénètre en France, la frénésie s’empare de l'époque, de jeunes ambitieux occupent des postes ministériels, les préoccupations de l’après-guerre s'éloignent… et François Sureau, tout jeune diplômé en droit, entre au Conseil d’État, prestigieuse administration regroupant des juristes expérimentés, issus pour certains de l'administration coloniale. C’est le cas de Georges Dreyfus, président de la Commission des recours des réfugiés et apatrides, sous les ordres duquel officiera désormais le rapporteur François Sureau. Le président et son collaborateur sont chargés d'examiner les pourvois des demandeurs d'asile quand l'Office français des réfugiés et apatrides a rendu un avis défavorable à la requête de ces derniers. Ils sont les ultimes recours à la loi, ceux qui rendent une décision définitive et irrévocable de renvoi hors du territoire français. Malgré les « délicates pressions » du quai d'Orsay sur certains dossiers, la décision est rendue en application stricte de la loi, non sans avoir attentivement entendu chaque homme et chaque femme. Car Georges Dreyfus « était hanté par l'indifférence, qui lui paraissait la seule faute. Il lui semblait […] que l'indifférence, et non le mal, avait brisé ces destins dont les dernières lignes aboutissaient devant notre Cour. » Depuis que l’Espagne est devenue républicaine et démocratique après la mort de Franco, la justice française n'accorde plus de statut de réfugié aux militants basques. C'est dans ce contexte que se présente devant la Cour Javier Ibarrategui, qui refuse de rentrer en Espagne après des années d'exil en France. Il affirme que sa vie est menacée. De la décision qui sera prise et du drame qui en résultera, François Sureau tire un récit bouleversant et d'une grande sincérité.

Les autres chroniques du libraire