Littérature étrangère
Yaniv Iczkovits
La Vengeance de Fanny
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Yaniv Iczkovits
La Vengeance de Fanny
Traduit de l’hébreu par Jérémie Allouche
Gallimard
12/01/2023
670 pages, 24,50 €
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Chronique de
Pauline Régnacq
Librairie Le Failler (Rennes) -
❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Marc Rauscher de Majuscule-Birmann (Thonon-les-Bains)
- Guillaume Le Douarin
- Sébastien Lavy de Page et Plume (Limoges)
- Martin Knosp de Espace culturel (Saint-Grégoire)
- Olivia Cherrier de Le Pain de 4 livres (Yerres)
✒ Pauline Régnacq
(Librairie Le Failler, Rennes)
Formidable roman traduit de l’hébreu, La Vengeance de Fanny enchante cette rentrée d'hiver par son rythme endiablé, ses aventures rocambolesques et ses personnages absolument inoubliables !
La littérature a longtemps été abreuvée d’histoires où un Ulysse partait vivre d’incroyables aventures pendant que sa Pénélope l’attendait patiemment, fidèle à cet homme au glorieux destin qui ne retournait dans le giron familial qu’une fois satisfaites ses envies d’ailleurs. La Vengeance de Fanny semble débuter de la même manière. Au fin fond de l’Empire russe du XIXe siècle, de nombreux hommes jouent aux Ulysse et disparaissent, cherchant fortune ou les bras d’une autre dans de lointaines villes où la vie leur semble meilleure. Femmes et enfants restent alors en arrière, attendant plus ou moins désespérément un hypothétique retour du patriarche. Dernière victime en date d’un départ marital précipité ? Mendé, femme pieuse et respectable qui ne sait comment réagir face à cet abandon. Dans sa Polésie natale, où communautés juives et goys se côtoient mais ne se mélangent pas, les ragots vont bon train et l’esseulée plonge lentement dans une mélancolie proche de la dépression. Fanny, sa sœur, n’est pas une Pénélope. Elle n’a d’ailleurs jamais correspondu aux critères attendus d’une femme juive dans le village et fut même longtemps surnommée di wilde khayeh, « la bête sauvage », en raison de son intérêt prononcé pour l’abattage des animaux et de son absence totale de peur du sang. C’est donc armée de son couteau le plus tranchant qu’elle décide de partir en quête de son détestable beau-frère. Yaniv Iczkovits construit une épopée haletante aux personnages drôles et touchants. Très rythmé, parsemé de mots yiddish, ce récit à l’humour acéré se lit d’une traite et nous précipite dans des péripéties toutes plus rocambolesques les unes que les autres. La Vengeance de Fanny est, de fait, un formidable roman d’aventures, de ceux qui nous font louper des arrêts de bus, qui nous tiennent éveillés la nuit et qui nous entraînent loin, très loin de nos préoccupations quotidiennes.