Littérature française

Joël Egloff

J’enquête

photo libraire

Chronique de Marie Lenoir

Bibliothèque/Médiathèque La Bulle (Mazé)

Tout en se jouant des codes du roman policier, Joël Egloff s’en prend au mythe et aux clichés du détective privé.

Dans un petit village sans histoires, un vol a été commis au sein de l’église. Un véritable « enlèvement », d’après le curé de la paroisse. L’affaire est prise très au sérieux, puisqu’un détective est engagé pour résoudre l’énigme. Mais rapidement les indices s’avèrent maigres, voire inexistants, et l’enquête s’enlise. Les interrogatoires et les filatures tournent à l’absurde, et les pérégrinations de ce privé semblent vouées à l’échec. Le lecteur passe son temps à anticiper les errements de cet anti-héros. Avec une belle obstination, le détective s’entête pourtant à trouver une issue à son étrange enquête, instaurant ainsi une tension au fil des pages. Joël Egloff croque le portrait d’un homme gauche et maladroit, enclin à passer à côté de sa vie, car incapable d’affirmer une opinion ou de prendre du recul par rapport à n’importe quelle situation. Comique de répétition, humour corrosif et cinglant, on retrouve avec plaisir les ingrédients propres au style de l’auteur, qui ne ménage aucun de ses personnages : maçon sans scrupules, curé désargenté ou hôtelière trop avenante, personne ne sera épargné. On suit ainsi avec délice les tribulations d’un privé improbable, profondément attachant, plongé dans un univers kafkaïen.

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