Des hommes sans femmes

Dans ce recueil de nouvelles dont le titre est inspiré d’un spicilège d’Ernest Hemingway, ce sont sept récits très variés qui vous attendent. Chacun d’entre eux est marquant à sa manière ; certains frisent avec l’étrange, d’autres sont d’une tristesse et d’une mélancolie infinies, mais tous ont un cœur commun : le trou béant laissé par l’absence des femmes. Parmi les plus marquants, on peut citer tout particulièrement « Drive my car », le tout premier, qui nous conte l’expérience difficile d’un homme veuf et de ce qu’il a appris sur sa femme. « Shéhérazade » est aussi dérangeante que fascinante : on y découvre une femme aux multiples facettes, dont certaines inquiétantes. Elle va jusqu’à entrer en catimini chez les gens pour satisfaire ses obsessions. « Un organe indépendant », d’une triste beauté, vous laissera un sentiment de mélancolie, mais pas seulement. « Le bar de Kino », magnifique, joue constamment entre réalisme et surnaturel, comme sait si bien le faire Haruki Murakami. C’est un des textes les plus marquants du recueil. Chacune de ces courtes histoires est ainsi une incursion dans le cœur des hommes, si dépendants et amoureux des femmes. Certains l’ignoreront d’ailleurs toute leur vie dans une partie de ces histoires au goût unique. Le style de Haruki Murakami réussit une fois de plus à nous captiver avec des mots simples et une ambiance particulière. C’est une réussite et c’est à découvrir, que l’on soit adepte ou non du format de la nouvelle, tout simplement pour (re)plonger dans l’œuvre d’un auteur qui n’a pas fini de fasciner et de plaire par sa sobriété et son talent. Un autre de ses ouvrages, composé de deux nouvelles, Écoute le chant du vent, vient de paraître en poche chez 10/18.