Littérature étrangère

Antonio Lobo Antunes

De la nature des dieux

photo libraire

Chronique de Cécile Coulette

Librairie Rive gauche (Lyon)

Ici, le silence n’est pas de mise. Le style d’AntÓnio Lobo Antunes, loin d’apaiser, étourdira et éblouira qui aime être bousculé.

Le maître de l’écriture polyphonique, du foisonnement poétique et de la fureur, a encore frappé ! Une fois de plus, cette sensation unique de voir les mots sauter hors des pages pour se jeter à votre gorge ressurgit. Le roi de la littérature contemporaine portugaise est de retour. Lire De la nature des dieux, c’est faire l’expérience rare et formidable de perdre pied et d’entendre se mélanger mille voix, mille histoires qui se confondent, se choquent et s’entrechoquent, pour former au final une cacophonie à la fois cohérente, violente et rugissante. Le bruit y est incessant, parfois murmure, souvent beuglement et grondement. Ici une libraire, sous prétexte de livrer les livres commandés par une cliente, devient, visite après visite, la confidente de la maîtresse des lieux. Le flot de paroles se transforme bientôt en rivière, puis en cascade, chute, torrent. L’histoire du père, narrée entre fascination et haine, s’engouffre dans l’histoire familiale avant de se perdre dans celle du pays. La plupart des lecteurs non avertis pourraient bien s’y noyer, mais les quelques-uns qui s’accrocheront et resteront à la surface auront vécu une des plus belles expériences littéraires de leur vie.

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