Bande dessinée

Alain Ayroles , Jean-Luc Masbou

De Cape et de crocs, t. 10

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photo libraire

Chronique de Sandrine Degry

Librairie Univers du livre (Beauvais)

Après 17 ans de carrière, le rideau se baisse sur messires Armand Raynal et Don Lope de Villalobos. Avec eux s’achève De Cape et de Crocs , une des séries les plus emblématiques de l’histoire de la BD. À l’occasion de la sortie du dernier opus de la série, revenons sur les raisons d’un succès.

C’est en 1995 que le scénariste Alain Ayroles, auteur notamment de Garulfo , et le dessinateur Jean-Luc Masbou se lancèrent dans la formidable épopée De Cape et de Crocs . Aventures, farce, romance et fantastique, tous les éléments de la réussite ont été au rendez-vous durant toutes ces années. à l’origine de cette bande dessinée, un jeu de rôle intitulé « Contes et racontars », créé par le scénariste lui-même. C’est de ce monde haut en couleur que vont naître tous les éléments qui feront le brio de ses histoires durant tant d’années. Tout d’abord, les deux protagonistes sont des animaux comme dans les Fables de la Fontaine. Nous avons le renard, Armand Raynal de Maupertuis, un poète français, Gascon et fine lame. Quant au loup, il s’agit de Don Lope de Villalobos y Sangrin, un fier Andalou désargenté et fin bretteur. Nos deux gentilshommes en quête de gloire vont se lancer dans une chasse au trésor qui va les mener de Venise jusqu’à la Lune. Ils rencontreront des pirates, des sauvages et des Sélénites, les fameux habitants de l’astre lunaire. Dans l’acte dix, nous saurons enfin si le Prince Jean et l’infâme Mendoza seront vaincus, si Armand pourra être heureux avec la belle Séléné, et si nos deux héros vont revenir sur Terre.

Vous l’aurez compris, De Cape et de crocs est un hommage aux romans d’aventures de Dumas, Stevenson, Gautier, Swift et Jules Verne. La filmographie française de cape et d’épée n’est pas en reste. Quant au théâtre classique, les Fourberies de Scapin de Molière sont la toile de fond et l’argument de toute l’histoire. Des allusions sont faites à la commedia dell’arte et à ses personnages typiques comme le capitan, l’amoureux, l’avare et le matamore. Sans oublier le célèbre Cyrano d’Edmond Rostand qui inspira le fameux maître d’armes, lui conférant pour l’occasion le même appendice nasal. Mais ce qui interpelle le plus, ce sont les dialogues en rimes et en alexandrins. Cela donne des textes savoureux et truculents, un régal pour les amateurs de bons mots. L’humour, les rebondissements menés avec panache, l’esprit bon enfant, les situations rocambolesques sont également présents. Vraiment, si vous ne connaissez pas la fresque virevoltante De Cape et de Crocs , empressez-vous de la lire et découvrez un univers formidable. Pour les fans de la première heure, ne vous affligez pas de ce mot « Fin » car les auteurs vous réservent prochainement un diptyque sur le fameux lapin Eusèbe qui formera à la fois l’épilogue et le prologue de la série.

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