Polar

Deon Meyer

7 jours

BL

✒ Béatrice Leroux

(Librairie Les Traversées, Paris)

Tout est dans ce titre simple et bref. 7 jours, c’est le temps que Deon Meyer donne au capitaine Benny Griessel, que l’on avait découvert dans Le Pic du diable (Seuil et Points 2008), pour mener à son terme l’enquête sur le meurtre d’une belle juriste, avant que la police du Cap ne soit décimée par un tueur fou.

Voilà une soirée dont Griessel se souviendra longtemps. Très stressé, il ne peut s’empêcher de proférer une grossièreté (son principal défaut) devant sa chanteuse préférée au moment où on les présente ! Mais pas le temps de s’excuser, il doit rejoindre immédiatement le commissariat. Un peu plus tôt, un agent de police a été blessé aux jambes par le conducteur d’une fourgonnette. Un mail anonyme a ensuite été envoyé aux médias et à la police annonçant que cette attaque ne sera que la première d’une longue série si l’enquête sur la mort de la belle Hanneke Sloet, retrouvée sauvagement assassinée quarante jours plus tôt dans son superbe appartement tout neuf, n’est pas reprise à zéro. Commence alors une course contre la montre pour Benny Griessel et son équipe des Hawks, afin d’empêcher d’autres tentatives d’assassinats. Il reprend l’enquête à son fondement et tente de découvrir, d’abord, qui est ce communiste que mentionne, et désigne comme suspect, l’inquiétant mail anonyme. Est-ce un Russe ? Un Sud-Africain ? On découvre rapidement que la victime était liée à des transactions où des sommes considérables étaient en jeu, mais est-ce vraiment un mobile de meurtre ? L’intrigue avance, les rebondissements se multiplient, comme les fausses pistes et les chausses-trappes… pour le plus grand plaisir du lecteur. Après nous avoir fait voyager dans À la trace (Seuil et Points 2013), son précédent roman, Deon Meyer compose un cold case plus statique, puisque l’essentiel de l’histoire se déroule au Cap, ville de prédilection de l’auteur. Benny Griessel, son personnage, doit, comme tout bon flic de roman policier, se dépêtrer avec les problèmes inhérents à l’enquête, mais aussi avec ses maux personnels, tels que son abstinence à l’alcool (il n’a pas bu une goutte depuis 227 jours, bien qu’il soit plus d’une fois à deux doigts de craquer), son attirance pour une chanteuse has-been souvent aussi saoule que lui, son fils tout entier obsédé par le désir d’un tatouage et le nouveau petit ami… tatoué de sa fille, son abyssale ignorance des nouveaux modes de communication, Twitter, Facebook et les autres, ce qui fournit au roman quelques passages cocasses. Benny a également un souci avec l’expression française « faux-pas ». Dans ses premiers romans, comme Jusqu’au dernier (Seuil et Points 2008), Deon Meyer mêlait intelligemment les histoires de meurtres avec l’Histoire de l’Afrique du Sud et de l’apartheid. Cela avait contribué à son succès. Depuis 13 heures (Seuil et Points 2011), il est passé à autre chose. Il se concentre davantage sur la situation actuelle de son pays et de ses concitoyens. Son talent et la qualité de ses livres sont loin d’en pâtir. Au contraire ! Ceux qui désirent en savoir plus sur sa façon de travailler, ses méthodes de recherche, ses sources d’inspiration, peuvent consulter son site officiel, qui foisonne d’informations passionnantes.

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