Les mots qui reviennent quand on parle de vos livres sont : « drôle », « poétique », « intelligent »… Avez-vous une recette magique pour trouver le bon dosage entre humour et intelligence ?
B.S. - Je ne réfléchis jamais à ma manière de travailler, mais je rature et réécris beaucoup, jusqu'à obtenir un sentiment de fluidité et de totale absence d’effort. D’autre part, je ne pense jamais que j’écris pour un public spécifiquement enfantin. Je pense que les enfants ressentent ça et apprécient qu’on ne leur parle pas « comme à des enfants ».
Étiez-vous lecteur quand vous étiez petit ? Vous souvenez-vous d’un livre jeunesse qui vous a particulièrement plu ? Un titre que vous auriez aimé écrire ?
B.S. - Enfant, j’étais plutôt cinéphile et fasciné par les images et la musique. J’avais aussi une obsession pour les livres audio et j’aimerais d’ailleurs beaucoup en produire aujourd’hui. Pour des raisons financières, j’aurais volontiers écrit Harry Potter ! Et dans un autre registre, La Chèvre de Monsieur Seguin, merveille absolue.
Quel a été votre parcours pour arriver à l’écriture de livres ?
B.S. - J’ai toujours été orienté vers les images et, à l'origine, j’étais beaucoup plus cinéphile et mélomane que lecteur. J’ai d’abord été graphiste, puis je suis devenu scénariste. Mais le milieu du cinéma et de la télévision a fini par m’épuiser et me donner la nausée. J’ai mesuré que le plus important pour moi était de raconter des histoires ; j’ai trouvé dans l’écriture de romans une sérénité et une liberté que je n’aurais jamais pu trouver ailleurs.
Avez-vous des rituels d’écriture ?
B.S. - Travailler dans les cafés. Je n’arrive pas à écrire dans le silence. Et quand j’écris chez moi, c’est toujours avec des sons d’orages ou de tempêtes.
Vous avez écrit des romans pour les plus jeunes, les plus grands, des albums, des BD... Vous aimez changer d’univers ?
B.S. - Je suis un « dépressif joyeux », alors ça m’est assez naturel d’alterner les univers sombres et heureux. Tous mes livres parlent toutefois du même monde, mais raconté avec une humeur et un regard différents.
Vous êtes publié par plusieurs maisons d’édition. Est-ce que Gurty ne peut exister que chez Sarbacane ? Travaille-t-on différemment en fonction des maisons ?
B.S. - Gurty a été refusé par dix-sept maisons d’édition et il m’a fallu dix ans pour arriver à sortir le premier tome. Je l’avais totalement mis au placard lorsque je l’ai envoyé par hasard à Tibo Bérard au détour d’une conversation. Que ce soit avec lui ou avec Valeria Vanguelov (Grasset Jeunesse), j’ai une relation de confiance et d’amitié. En plus d’une totale liberté d’écriture, ils m’offrent aussi la possibilité de concevoir la maquette et la couverture de mes livres, ce qui n’est généralement pas apprécié par les éditeurs.
Est-ce compliqué de confier son histoire à un illustrateur ?
B.S. - Oui, car il faut accepter de céder une part de sa vision. De plus, ils ont un profil psychologique rarement commode (rires)! Mais évidemment, si vous avez la chance de choisir des dessinateurs avec lesquels vous vous entendez, votre récit s’en trouve renforcé.
Y a-t-il des thèmes que vous aimeriez aborder et qui vous semblent compliqués ?
B.S. - On devrait se sentir libre d’aborder n’importe quel thème, d’autant plus que les ressorts de la littérature jeunesse nous permettent de jouer avec des symboles et des métaphores. Le seul sujet véritablement moderne, et le plus grave de tous, d’après moi, est l’extinction de la biodiversité. Mais je trouve difficile de parler du monde actuel. D’abord, parce que le politiquement correct et la censure œuvrent silencieusement depuis quelques années. Je pense qu’il va être de plus en plus difficile de jouer de l’humour et de l’impertinence pour inviter le lecteur à exercer son esprit critique. En outre, un livre ne doit pas mentir, mais aussi donner du courage, de l’optimisme. Or, il me semble assez difficile aujourd’hui d’allier honnêteté et optimisme si l’on veut parler de l’avenir.
À propos du livre
Gurty, accompagnée de sa fidèle amie Fleur, s’adonnent à leur activité favorite : la chasse aux trésors. Dans le potager de Pépé Narbier, Fleur découvre un œuf magique. À y regarder de plus près, cet œuf est en fait un crane, un crane d’homme ! À leur plus grande surprise, les propriétaires de Gurty et Fleur s’intéressent à ce trésor (contrairement au bâton ou à la queue de lézard, allez comprendre !). Il y a même à l’intérieur une carte qui indiquerait l’emplacement d’un trésor. Mais pour Gurty et Fleur, le souci est autre : le crane appartenait à un terrible pirate : Barbapuces ! Et son fantôme est très contrarié que nos deux amis aient déterré ce crane. Il va vouloir se venger. Gare aux frissons et rebondissements.