Jeunesse

Geneviève Brisac

Pour un monde en couleurs

Entretien par Mélanie Blossier

(Librairie Doucet, Le Mans)

Emma et le monde en couleurs est un roman court mais puissant par son optimisme. Pour comprendre comment cette histoire est née dans la tête de Geneviève Brisac, découvrez les réponses de l’auteure !

Les éditions Poulpe fictions lancent une deuxième collection de romans, pour les plus jeunes lecteurs : « Mini Poulpe ». Les trois premiers titres vont faire rêver autant que rire, ce qui est le credo de cette maison d’édition. Emma et le monde en couleurs va vous montrer que le dessin et l’amitié sont le meilleur remède (après la lecture peut-être ?) pour ne jamais s’ennuyer. Le Prince et la grenouille dépoussière le conte classique avec une sorcière rusée et une princesse plus heureuse une fois qu’elle est transformée. Enfin, redécouvrons Tarzan poney méchant, mon meilleur ennemi. Toujours aussi ronchon, notre poney préféré va se faire une amie qui adore le crottin.

 

PAGE — Selon vous, vaut-il mieux s’ennuyer de temps en temps ou ne jamais s’ennuyer ?
Geneviève Brisac — C’est quoi s’ennuyer ? Éprouver un manque, il me semble, un manque d’on ne sait quoi. Je m’ennuie de toi, dit-on, quand on a envie de voir quelqu’un. S’ennuyer, c’est éprouver un sentiment de vide, ça peut aller jusqu’au vertige. C’est horrible. Comme une nausée. Plus rien n’a de sens. Plus rien n’a de goût. C’est pourquoi, quand on est enfant, et parfois plus tard, on cherche à éviter cette angoisse. Les grandes personnes adorent dire qu’il est bon de s’ennuyer, j’ai toujours trouvé cela louche. Parce qu’elles, elles n’aiment pas s’ennuyer. Je le sais. Je le vois : dans les salles d’attente, dans les queues, dans les trains. Personne n’aime cela. Peut-être y a-t-il des gens qui ne s’ennuient jamais. Je ne les crois pas. Pas vraiment.

P. — Pensez-vous que le pouvoir de l’imagination soit le meilleur des pouvoirs ?
G. B. — Oui, c’est un pouvoir qui ne fait de mal à personne. C’est le pouvoir des faibles, des enfants donc, et des artistes. Quels sont les autres pouvoirs ? Celui du plus fort ? Merci bien. Je le déteste. Vous connaissez la phrase de Pascal : « ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on fit que ce qui est fort fût juste ». Celui de l’argent ? Je doute que ce soit le meilleur. On en voit des exemples tous les jours. Il y a peut-être le pouvoir de l’amitié, de la solidarité, oui, ce sont de bons pouvoirs, et ce sont ceux auxquels fait appel Emma, l’héroïne de cette histoire, comme avant elle, mon autre personnage de petite fille rebelle, Olga. Mais le pouvoir de l’imagination est un pouvoir qui permet d’offrir aux autres de la beauté. De la partager.

P. — Si vous aviez le pouvoir de faire apparaître quelque chose ou quelqu’un en dessinant, là tout de suite, ce serait quoi ?
G. B. — J’ai toujours aimé l’idée de dessiner une porte, avec une jolie poignée, et de l’ouvrir. J’adore penser que derrière la porte, il y a un monde magique et caché. Comme de l’autre côté du miroir, chez Lewis Carroll. Sinon, je me dessinerais un ami, bien sûr.

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