Littérature étrangère

Luis Sepúlveda

Raconter c'est résister

  • Luis Sepúlveda
    Traduit de l'espagnol (Chili) par François Maspero, François Gaudry et Bertille Hausberg
    Métailié
    21/10/2021
    28.30 €
  • Chronique de Juliet Romeo
    Librairie La Madeleine (Lyon)
  • Lu & conseillé par
    11 libraire(s)
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Chronique de Juliet Romeo

Librairie La Madeleine (Lyon)

Les éditions Métailié font paraître deux anthologies de l’auteur emblématique Luis Sepulveda : Bestiaire, qui regroupe cinq contes animaliers pour petits et grands, et Raconter c’est résister, qui réunit quatre romans indispensables de l’auteur. Une occasion de (re)découvrir l’œuvre d’un grand homme.

« Raconter c’est résister » était son leitmotiv. Il est impossible de différencier l’auteur du militant qu’était Luis Sepulveda. Chacun de ses romans porte la touche d’un engagement. Alors qu’il nous a quittés en avril 2020, les éditions Métailié lui rendent hommage en publiant deux anthologies invitant le lecteur à se plonger ou se replonger dans l’œuvre immense de l’auteur chilien.

Tout d’abord, l’anthologie Bestiaire regroupe les romans de l’auteur intitulés « contes pour petits et grands » : Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, Histoire d’un chien mapuche et Histoire d’une baleine blanche, sa dernière parution. Ces courts textes, accessibles dès le plus jeune âge, illustrés par le trait délicat de Joëlle Jolivet, donnent la parole aux animaux à travers des histoires d’une très grande sensibilité. Il y sera question d’amitié, de rapport à l’autre, de préservation de la nature ou encore d’équilibre des relations entre les hommes et les animaux. L’engagement écologiste de Luis Sepulveda transparaît dans chacun de ces contes en ouvrant les portes à une réflexion plus large chez le lecteur.

Puis vient Raconter c’est résister, une anthologie de quatre textes emblématiques de l’œuvre de Luis Sepulveda, qui pourrait presque dessiner le parcours politique de l’auteur : Le Vieux qui lisait des romans d’amour, Le Monde du bout du monde, Le Neveu d’Amérique et L’Ombre de ce que nous avons été. Luis Sepulveda savait nous raconter les histoires des petites gens, de cette « foule des perdants » comme il aimait dire. Chacun de ces romans est comme nourri du parcours du militant Sepulveda. Que ce soit son séjour chez les Indiens shuars, son emprisonnement sous la dictature de Pinochet, son combat aux côtés des sandinistes au Nicaragua, chacune de ses expériences militantes se retrouve dans ces romans.

Ce qui rejoint ces deux anthologies, et plus simplement chacun des romans de Luis Sepulveda, c’est une volonté de transmettre, de poser des mots, de distiller des idées, dans des histoires où la tendresse, le rire, les larmes mais aussi l’horreur de la dictature, le poids du passé tiennent toute la place. Ouvrir la porte de l’œuvre de Sepulveda, c’est découvrir une vie consacrée à lutter contre l’oubli, du passé mais aussi du présent. La force et la sensibilité qui se dégagent de ces romans amènent le lecteur à s’interroger sur sa propre place et sur ce qu’il veut pour le monde de demain.

 

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