Jeunesse

Antoon Krings

Lou P’tit Loup

illustration

Chronique de Mélanie Blossier

Librairie Doucet (Le Mans)

Antoon Krings est le directeur de la collection des « Drôles de petites bêtes » éditée par Gallimard Jeunesse et qui comprend à ce jour plus de cinquante titres. Cette année paraît Gabriel le Lutin de Noël. Puisque la famille des petites bêtes est déjà très grande, Antoon Krings et Gallimard Jeunesse créent une nouvelle collection autour du personnage de Lou P’tit Loup, dont le premier titre vient de paraître.

Lou P'tit Loup vit seul avec maman loup et papa loup, qui rapporte régulièrement de quoi manger. Cette fois, c’est une petite bergère. Comme il s’ennuie terriblement, Lou a la permission de jouer avec elle le temps que maman loup se décide à la cuisiner. Le louveteau, ayant compris que tant qu’il jouerait avec la petite bergère cette dernière survivrait, profite et espère faire durer la récréation. Au fil des jours, ils deviennent tous deux très amis. Antoon Krings aurait pu finir son histoire ainsi, mais sa morale n’en aurait été que moins originale. Je ne vais pas vous raconter la fin, juste vous dire qu’aucune petite bergère n’aura été maltraitée dans cette histoire publiée pour les petits chez Gallimard Jeunesse/Giboulées.

Gabriel le lutin de Noël a un rêve : celui d’accompagner le Père Noël dans sa tournée. Lassé des excuses du Père Noël, il prend une décision, car « quand on a un rêve, il faut le réaliser ». Il devance le Père Noël et distribue les cadeaux lui-même. Seulement, les choses tournent mal quand la météo change… Heureusement Gabriel pourra compter sur ses amis le Lièvre des neiges et le Bonhomme de neige pour l’aider à accomplir sa mission et ne décevoir aucun enfant.
 

Page — Pouvez-vous nous raconter la naissance de la collection des « Drôles de petites bêtes » ?
Antoon Krings — J’ai toujours été à la recherche d’un personnage dont je pourrais raconter les aventures. Je m’y étais déjà essayé, mais sans grand succès. Jusqu’au jour où j’ai dessiné Mireille l’abeille. Je tenais mon personnage. Très vite, j’ai eu envie de la faire vivre à travers une histoire. Je lui ai imaginé une maison cachée sous un rosier, des voisins, des amis de passage… Bref, tout un petit monde miniature dans un jardin que je voulais extraordinaire, parfois mystérieux, lumineux et sombre à la fois.
Le principe de la collection s’est imposé dès les premiers titres. À chaque nouveau titre, un nouveau personnage, un prénom, un caractère, une aventure.

P — Lou P’tit Loup est le héros d’une nouvelle collection qui porte son nom. De toutes les « Drôles de petites bêtes », pourquoi avoir choisi celle-ci ?
A. K. — Lou P’tit Loup n’est pas une Drôle de petite bête. Je l’imagine un peu comme un enfant espiègle qui aime jouer, désobéir. Parfois il se perd, mais il y a toujours un habitant de la forêt pour l’aider à retrouver son chemin.

Page — Dans l’album Gabriel le Lutin de Noël qui paraît en cette fin d’année, vous dites : « Quand on a un rêve, il faut le réaliser. Sinon on en parle, on en parle, et puis un beau jour, pppffuitt : on n’en parle plus ! » Pourriez-vous préciser le sens de ces paroles ? Parlez-vous d’un rêve personnel que vous auriez laissé s’échapper ?
A. K. — Mon rêve est de créer des histoires et des images qui fassent rêver les enfants qui n’ont pas de rêves.

Page — Il y a de plus en plus de jeunes talents en illustration jeunesse qui ont un style ou une technique très moderne (grâce à l’informatique par exemple). Votre style plus traditionnel vous a valu de recevoir, en 2010, le prix du Meilleur illustrateur à l’occasion du 22e festival de la BD de Solliès, en récompense de votre œuvre et votre travail d’artiste. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre technique et vos inspirations ?
A. K. — Pour moi, en littérature jeunesse, il n’y a pas de moderne et d’ancien. Il n’y a que de bons ou de mauvais illustrateurs, de bons ou de mauvais auteurs. Qu’importe les outils que l’on utilise. Qu’importe les modes, les tendances dans l’image. Sendak et Ungerer, pour ne citer qu’eux, sont et resteront de grands classiques et de grands artistes.
Sans chercher à me comparer à ces monstres de la littérature pour la jeunesse, je dirais que je suis mon petit bonhomme de chemin dans mon jardin secret. Qui m’aime me suive.

Page — Pour finir et afin de mieux vous connaître, permettez-moi de vous poser cette question : si vous étiez une drôle de petite bête, laquelle seriez-vous ? 
A. K. — Quand j’écris une histoire, je me mets toujours dans la peau de mes personnages. Un jour, je vole de fleur en fleur tel Siméon le papillon. Un autre jour, je me goinfre de pollen comme Léon le bourdon. Et avec Odilon le grillon, j’ai l’humeur vagabonde.

Les autres chroniques du libraire