Littérature française

Gilbert Vaudey

Le Nom de Lyon

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photo libraire

Chronique de Pascal Thuot

Librairie Millepages (Vincennes)

À la manière de Walter Benjamin à Berlin, Julien Gracq à Nantes ou encore Éric Hazan à Paris, Gilbert Vaudey déambule dans sa ville de Lyon. Entre érudition et aplats de souvenirs, il offre une éblouissante géographie intime où les mots scintillent comme les lumières de la fête lyonnaise du même nom.

La littérature peut décidément beaucoup, comme par exemple vous donner le goût d’une ville jusqu’alors presque inconnue de vous. C’est pour moi le cas de Lyon, jadis traversée mais jamais explorée. Dès les premières pages, les premiers arpents, Gilbert Vaudey aiguise notre œil et nous fait traquer le détail, donne de l’épaisseur historique aux lieux sans jamais alourdir son propos. La beauté de ce livre tient beaucoup au caractère amical et pudique de l’invitation que nous fait l’auteur à découvrir sa géographie intime et l’étendue de son savoir. Alors que l’enfance est très présente avec son cortège d’images à jamais disparues, la nostalgie n’a pas sa place ici. Les ombres du passé ne pèsent nullement sur le récit. Le Nom de Lyon est un texte en mouvement, une promenade jalonnée de souvenirs rehaussés par la justesse du ton, un cours d’Histoire et d’urbanisme à ciel ouvert irrigué par la poésie de l’écriture.

 

Page — Combien d’années de déambulations faut-il pour arriver à une connaissance si intime d’un théâtre de mémoire aussi vaste que la ville de Lyon ? On ressent un certain vertige en imaginant qu’un livre tel que celui-ci se construit dès l’enfance…

Gilbert Vaudey — Ce serait si bien de pouvoir se réfugier ici derrière le miraculeux début d’Enfance berlinoise de Benjamin, cette évocation de l’apprentissage qui est nécessaire pour s’égarer dans une ville comme on s’égare dans une forêt ! À défaut de pareille évidence, dire au moins la singularité de l’éveil dans la ville d’enfance, quand Lyon n’était encore qu’un tissu quasi matriciel et sans forme : une première saisie à la dimension d’une fenêtre, puis de quelques rues – le rôle effectivement décisif de ces premières années. Dire ensuite la conquête de l’étendue avec celle de l’autonomie, la conviction du marcheur, les lignes que matérialisent sur le plan les traces de pas et l’histoire – bien des années d’une vie – dont elles font le récit. Je veux souligner ce dernier aspect : pour moi, Lyon n’est jamais autant un théâtre de mémoire que lorsque cette dimension biographique entre en compte.

 

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