Polar

S.J. Bennett

Bal tragique à Windsor

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photo libraire

Chronique de Laura Mouveaux

Librairie Sauramps Odyssée (Montpellier)

Depuis l’immense succès de la sulfureuse Agatha Raisin, les amateurs de polar ont redécouvert le potentiel de la campagne anglaise en matière de mystères ! Il était plutôt difficile de passer après les monstres britanniques que sont Arthur Conan Doyle et Agatha Christie. Pourtant, le cosy crime envahit les librairies !

Les deux égéries de votre nouveau genre préféré sont Judith Potts, une septuagénaire verbicruciste (Les Dames de Marlow enquêtent T. 1, Mort compte triple, Robert Thorogood, La Martinière) et… la reine Elizabeth en personne (Bal tragique à Windsor, S. J. Bennett, Presses de la cité) ! Parce que c’est aussi ça, le cosy crime : un enquêteur ou une enquêtrice là où on ne l’attend pas. Mélangez à cela un paysage bucolique, quelques tasses de thé, une tranquillité mise à mal par des malfrats en tous genres et surtout une tête bien faite et des acolytes pleins de ressources. Vous avez la recette parfaite pour un roman policier léger, intelligent et haut en couleur.

Rendons-nous à Marlow, petite ville au bord de la Tamise, dans la campagne au nord de Londres. Là vit Judith Potts, excentrique, indépendante et droite dans ses bottes. Elle écrit des mots croisés et carbure au whisky. Un soir, elle assiste au meurtre de son voisin. Mais la police de la très tranquille commune de Marlow ne s’y prend pas comme il faut et pas assez vite. Alors, avec deux autres habitantes rencontrées en route, Judith prend les choses en main. Elle, Becks et Suzie sont des incroyables héroïnes du quotidien, de celles qui ne paient pas de mine mais qui vous surprendront par leur dévouement et leurs idées saugrenues. Elles sont d’une efficacité sans pareil. Et on les adore !

Maintenant, descendons le fleuve jusqu’à la capitale et suivons le cortège de la reine jusqu’à sa résidence secondaire préférée, le château de Windsor. Une soirée y est donnée et, au lendemain de celle-ci, on retrouve mort le jeune pianiste russe qui avait tant ravi l’assemblée, pendu dans sa chambre. Et ce n’est pas un suicide ! On dépêche le MI5 dans le plus grand secret mais leurs manières ne plaisent pas à Sa Majesté qui décide de mener son enquête sans en parler à personne, si ce n’est à sa jeune secrétaire Rozie. L'une récolte les témoignages et les indices, l'autre met tout bout à bout. Qui l'eût cru ? S. J. Bennett met brillamment en scène la famille royale, qu’on a, au fond, tous l’impression de déjà connaître. Cette chère Elizabeth est, il faut le dire, une enquêtrice sacrément chic et perspicace.

Amateurs de casse-tête et d’énigmes, ruez-vous sur ces deux nouvelles séries dont la fraîcheur viendra assurément égayer votre été et stimuler vos méninges. Miss Marple n’a qu’à bien se tenir, la relève est assurée !