Beaux livres
Un noël chic et mode
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Jérôme Gautier
Chanel
Illustrateur(s) : Francis Hammond
Éditions de La Martinière
21/11/2024
304 pages, 70 €
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Dossier de
Mélanie Le Loupp
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Jean-Paul Gaultier
Éditions de La Martinière
06/10/2011
424 pages, 60 €
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Dossier de
Mélanie Le Loupp
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❤ Lu et conseillé par
2 libraire(s)
- Betty Trouillet
- Martine Coussy de Entre les lignes (Chantilly)
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Harriet Worsley
100 idées qui ont transformé la mode
Traduit de l’anglais par Paul Lepic
Seuil
13/10/2011
216 pages, 29 €
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Dossier de
Mélanie Le Loupp
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❤ Lu et conseillé par
1 libraire(s)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
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Christian Dior
Christian Dior & moi
Vuibert
11/10/2011
217 pages, 22 €
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Dossier de
Mélanie Le Loupp
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❤ Lu et conseillé par
1 libraire(s)
- Marc Demmer de Maupetit (Marseille)
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Bianca Lang , Tina Schraml , Lena Elster
Minijupe
White Star
19/10/2011
178 pages, 24,90 €
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Dossier de
Mélanie Le Loupp
✒ Mélanie Le Loupp
Ces dernières années ont vu la parution de fabuleux ouvrages consacrés à Yves Saint-Laurent et Courrèges. À l’approche des fêtes, c’est au tour de trois autres grands noms de la haute couture française de faire l’objet d’élégantes monographies : Chanel, Christian Dior et Jean-Paul Gaultier, trois maisons dont les influences sur la mode ont été très différentes, mais qui ont en commun d’avoir suscité auprès de beaucoup de femmes ou d’hommes le désir de porter l’une de leurs créations.
Gabrielle Chanel, Christian Dior et Jean-Paul Gaultier partagent le fait d’avoir chacun lancé leur propre griffe et de s’en être servi pour promouvoir une vision souvent révolutionnaire de la mode, qui était en même temps une façon de s’adapter à l’époque et de répondre aux besoins de leurs contemporains… ou de les devancer. Les trois créateurs revendiquent des représentations singulières de la femme et du monde.
Gabrielle Chanel, d’abord, a révolutionné les habitudes vestimentaires des femmes en recourant à des matières et à des coupes de vêtement plus pratiques, plus adaptées à son temps et à l’urbanisation de la société de l’entre-deux-guerres. Depuis son atelier de la rue Cambon, elle crée la célèbre petite robe noire, par exemple, imagine des formes aptes à jouer sur la confusion des genres et l’androgynie, utilise le lamé… Femme de caractère, elle considérait que « les femmes sont toujours trop habillées et jamais assez élégantes » et n’a jamais hésité à mettre au rencard les vieilles normes vestimentaires pour en expérimenter de nouvelles que la société s’est, pour beaucoup d’entre elles, appropriée, démontrant ainsi son talent visionnaire. Chanel, figures de style se présente comme une rétrospective truffée de photographies signées Lagerfeld, Lindbergh, Testino, Avedon, parmi d’autres grands noms, et met en scène quelques « stars » habillées par la désormais vénérable maison – mentionnons Vanessa Paradis ou Cate Blanchett. Mademoiselle Chanel méprisait volontiers ses concurrents, à commencer par Poiret, puis, plus tard, Christian Dior, leur reprochant une représentation de la féminité par trop corsetée et en tout cas inadaptée à cet idéal de femme libérée dont elle se faisait l’artisan enthousiaste.
Pourtant, Christian Dior va faire un ravage auprès de ces dames. Sa ligne Corolle, dite New Look , fut allègrement dénigrée à la fin de la guerre pour les mètres et les mètres de tissus qu’elle consommait, dans une France confrontée à d’insondables difficultés pour se vêtir décemment en raison du rationnement de tissus. Le scandale a permis au créateur de se construire une renommée dans la presse de l’autre côté de l’Atlantique. Vogue commentait : « Dior est le nouveau nom à la mode à Paris » . Ainsi, ses cabines se sont remplies et la clientèle a afflué. C’est d’ailleurs avec beaucoup de sincérité et sans fioritures que Christian Dior retrace sa fulgurante carrière dans Christian Dior et moi . Un témoignage amusé qui permet de découvrir l’intimité d’un créateur de mode. « Christian Dior, c’est moi ! » , déclare l’homme en opérant un retour sur son aventure exceptionnelle. « Ma vie, dit-il encore, c’est justement la préparation d’une collection avec ses tourments, ses bonheurs et ses dépits » .
Pour Jean-Paul Gaultier aussi, la mode ressemble à une aventure. Celui que l’on a longtemps décrit comme l’enfant terrible de la mode est désormais un « national treasure » . Le musée des Beaux-Arts de Montréal consacre d’ailleurs une rétrospective à l’hallucinante carrière de celui qui a commencé en habillant son ours en peluche. Aujourd’hui, Jean-Paul Gaultier habille Deneuve et Madonna, et crée des vêtements pour des films et des spectacles. Mélangeant les genres et contournant les codes, Jean-Paul Gaultier a ainsi mis des jupes aux hommes, donné une seconde vie à la marinière et au corset, mis en valeur les formes généreuses de certaines femmes et œuvré pour une mode ethnique et folklorique. Cette rétrospective retrace le parcours du créateur au travers d’interviews, de témoignages et quantité de photographies ou de croquis.
Ces trois créateurs vivent ou ont vécu avec leur époque, s’imprégnant de ce qui les entourait. 100 idées qui ont transformé la mode en donne une éclatante démonstration. Harriet Worsley y répertorie la centaine d’événements qui ont bouleversé la mode entre 1900 et 2010 : le nylon, la minijupe, le mouvement punk, les baskets… Autant d’objets et de styles qui ont révolutionné la mode. L’originalité, le luxe, la transgression (toute relative, certes) restent, dans le cas de la haute couture, à la fois des barrières et de puissants motifs de désir du fait de leur accès réservé à une élite. C’est pourquoi Chanel, dont Karl Lagerfeld a pris la direction artistique, la maison Dior et Jean Paul Gaultier continuent de faire rêver.