Bande dessinée
Mieux comprendre pour mieux agir
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Céline Bessière , Sibylle Gollac
Le Genre du capital
Illustrateur(s) : Jeanne Puchol
La Découverte, Delcourt
03/05/2023
128 pages, 21,90 €
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Dossier de
Amandine Petit
- ❤ Lu et conseillé par 15 libraire(s)
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Miguel Benasayag
Cerveaux augmentés
Illustrateur(s) : Thierry Murat
Traduit de l'espagnol par Véronique Piron
La Découverte, Delcourt
03/05/2023
184 pages, 24,95 €
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Dossier de
Amandine Petit
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❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Sébastien Lavy de Page et Plume (Limoges)
- Anne-Sophie Gagnol de Pierre Loti (Rochefort)
- Julien Marsa de L'Infinie Comédie (Bourg-la-Reine)
✒ Amandine Petit
En mai sont parues deux bandes dessinées aux éditions de La Découverte/Delcourt, dans une nouvelle collection de sciences humaines et sociales dont l’objectif est de décrire les phénomènes sociaux pour mieux les expliquer et comprendre quels en sont les mécanismes.
La première, Cerveaux augmentés (humanité diminuée ?) est un essai graphique qui se veut être le prolongement du livre publié par le philosophe Miguel Benasayag, Cerveau augmenté, homme diminué. Il s'agit d'une discussion entre ce dernier et Thierry Murat, un auteur de bande dessinée qui met sur planches le travail et les théories du philosophe. Se met en place une réflexion sur l’humanité connectée et sur l’influence de la technologie digitale sur la culture et la société, mais aussi et surtout sur notre cerveau. C’est un essai graphique dense, presque sans illustrations, qui fait référence aux grands penseurs pour mieux comprendre comment notre cerveau réagit au numérique et aux réseaux sociaux. Un ouvrage original et très intéressant. Le Genre du capital, dont le sous-titre est Enquêter sur les inégalités dans la famille, s’intéresse aux questions de patrimoine : il est le fruit de vingt ans de recherches pour comprendre l’influence du genre dans les successions et dans les séparations. À l’instar de Cerveaux augmentés (humanité diminuée ?), Le Genre du capital est aussi une adaptation d’un essai publié par les autrices. Évidemment féministe, la bande dessinée est aussi humoristique, ce qui lui permet d’être très ludique : ce sont des chats qui parlent et qui théorisent, chacun ayant un maître exerçant un métier différent. Chat de notaire, d’assistante sociale, de juge, tous ont une approche différente sur les questions de successions ! Les autrices mettent en avant les inégalités au sein de la famille et s’intéressent au travail gratuit que fournissent les femmes pour permettre aux hommes, les maris, d’avoir une meilleure carrière malgré des lois et des droits formellement égaux. Leur enquête s’attarde sur les problèmes qui causent ou renforcent les inégalités entre les genres, notamment le mépris de classe ou l’incompréhension des professionnels qui doivent prendre des décisions au moment des séparations car ils ne vivent pas toujours dans le même monde que les personnes qu’ils doivent juger. De l’héritage de Johnny Hallyday aux mères isolées, les autrices démontrent que le capital a un genre et que les perdants sont toujours des perdantes. Inégalités au sein même de la famille ou dépendance à la technologie digitale, les deux bandes dessinées travaillent à nous démontrer notre internalisation de processus qui nous dépassent pour essayer de s’en extraire. Chercheurs, chercheuses, essayistes et artistes collaborent pour vulgariser des théories importantes, nous en montrer les enjeux et rendre accessible une nouvelle analyse du monde.