Beaux livres

Annick Cojean

Simone Veil et les siens

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Chronique de Delphine Demoures

Librairie des Halles (Niort)

Cinquième femme à être entrée au Panthéon, Simone Veil doit devenir une icône pour les Français. Deux publications, Simone Veil et les siens, aux éditions Grasset, et Les Inséparables de Dominique Missika, aux éditions du Seuil, proposent une vision inédite et intime de son histoire familiale.

Simone Veil est née le 13 juillet 1927 à Nice dans une famille juive non pratiquante. Sous l’Occupation, elle transforme son nom d’origine, Jacob, avec de faux papiers mais se fait malgré tout arrêter avec sa famille par la Gestapo en 1944. Elle est alors transférée dans différents camps dont Auschwitz et Bergen-Belsen. Elle et ses deux sœurs sont les seules survivantes. Les deux livres qui viennent de paraître, Simone Veil et les siens, préfacé par Annick Cojean, et Les Inséparables de Dominique Missika sont une immersion fascinante et émouvante dans son histoire familiale. Deux livres complémentaires, délicats et sensibles, qui s’attachent à montrer la sphère intime de la tribu Jacob/Veil. Avec Simone Veil et les siens, très bel album de photos, on la découvre dans son intimité. Plus d’un an après la mort de cette grande femme politique, deux de ses fils, Jean et Pierre-François, ont accepté de confier de nombreuses archives à la journaliste du Monde Annick Cojean. Ils les commentent et racontent plein d’anecdotes sur cette famille extraordinaire. Des centaines de photos inédites composent ce magnifique album de famille dans lequel on se plonge avec plaisir. « Les siens. Les voilà, toutes générations confondues, réunis dans ce livre. Les voilà, les amours de sa vie. Son socle. Son souffle. Sa chair. Son bouclier et son moteur. Une part de son mystère. Affichant une filiation qui faillit être interrompue et à laquelle elle tenait plus que tout au monde. » L’historienne Dominique Missika, spécialiste de la France sous l’Occupation, livre un récit poignant sur la fratrie Jacob, ces trois sœurs survivantes : Madeleine, Denise et Simone. « L’histoire commence comme un conte de fées. Il était une fois, sous le soleil du Midi, à Nice, une famille sereine et unie, à qui l’avenir promettait le bonheur et la paix », raconte Jean d’Ormesson lors de la réception de Simone Veil à l’Académie française. « La suite est une tragédie. » Madeleine, dite Milou, et Simone sont déportées avec leur mère Yvonne. Denise se retrouve à Ravensbrück. Pour les sœurs Jacob, le retour est tragique : leur mère est morte d’épuisement dans les camps de concentration et leur père André et leur frère Jean ne reviendront jamais de Lituanie. Un éclairage précis sur la jeunesse des filles Jacob, sur leur courage, leur silence et leur difficulté à trouver une place dans la France de l’après-guerre. Avec pudeur et sincérité, ces deux livres constituent un très bel hommage à Simone Veil et les siens.

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