Bande dessinée

Marie Jaffredo , Jean-Blaise Djian

Meurtre sur le Mont-Saint-Michel

illustration
photo libraire

Chronique de Brice Vauthier

Librairie L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))

Deux intrigues au Mont-Saint-Michel qui vous plongeront dans des enquêtes dignes des plus grands polars ! D’une part, un manga intitulé Mont-Tombe, de l’autre, une enquête d’une remarquable intensité se déroulant dans les années 1930.

Le manga Mont-Tombe porte terriblement bien son nom. En effet, jusqu’en 709, c’était le nom du rocher où se dresse le Mont-Saint-Michel et sur lequel se trouvait une pierre destinée à un culte païen. On retrouve d’ailleurs, dans l’Apocalypse selon saint Jean, au chapitre 12, verset 7, la description du combat entre saint Michel et le dragon. En quelque sorte, le Mont est un endroit à la fois maudit et béni, chargé d’une force mystique importante. C’est justement cet univers que va devoir appréhender la gendarme Clotilde Dumont. En rentrant d’un footing aux aurores, elle découvre qu’un éboulement a eu lieu sur un chantier du Mont. Cet événement anecdotique n’est que le premier signe d’une malédiction. On retrouve dans cette excavation un sanctuaire. Bientôt aidé par un spécialiste, le lieutenant va devoir agir seule et vite car la saison touristique commence bientôt. Lorsqu’il s’avère que tout ceci est le prélude au retour de la Bête de l’Apocalypse, le lieutenant Dumont n’a d’autre choix que de tenter de garder la tête froide pour ne pas sombrer dans la folie ou la tentation de s’avouer vaincu. Il lui faut à tout prix protéger le sanctuaire de toute velléité mercantile et commerciale. La bande dessinée Meurtre sur le Mont-Saint-Michel est le fruit d’une collaboration entre Glénat et les Éditions du Patrimoine. Outre ce gage de sérieux, il faut reconnaître que l’on est très rapidement absorbé par une intrigue qui rappelle volontiers les enquêtes d’Hercule Poirot. En ce soir de la fin de l’année 1936, dans une ambiance digne d’un polar britannique, la brume enveloppe le Mont-Saint-Michel qui s’endort tranquillement malgré quelques inquiétudes liées au fait qu’un mystérieux visiteur semble rôder sur le site depuis plusieurs jours. Une jeune fille, Lucie, est le témoin malgré elle d’un meurtre et s’enfuit, l’assassin à ses trousses. Lors de la battue organisée par ses proches pour la retrouver le lendemain matin, les habitants tombent sur le cadavre de Julienne, la bonne du curé, mais ne parviennent pas à retrouver Lucie. Les gendarmes de Pontorson ne peuvent se déplacer et l’enquête devra donc être résolue en interne. Les hommes ferment le Mont, montent la garde et la chasse à l’homme s’organise. Le maire prend les choses en main, mais cela ne suffit pas à calmer les rancœurs de chacun. Des suspicions se mettent à pourrir l’atmosphère. Lorsqu’un nouvel enfant disparaît, tout devient possible… Le final est à couper le souffle. L’auteur se livre par ailleurs à une exploration complète des souterrains du Mont, révélant une grande connaissance des lieux. Le dessin et la colorisation sont très bien maîtrisés et assurent un rendu parfait de l’ambiance de l’époque. Une réussite !

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