Essais

Lili Leignel

Et nous sommes revenus seuls

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photo libraire

Chronique de Séverine Richard

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Quand vous devez supporter d’épouvantables atrocités et persécutions, il faut trouver à quoi se raccrocher. Paradoxalement, ici, l’envie de vivre se retrouve dans la foi en l’humanité. Ce sont les proches les plus fidèles qui aident à surmonter toutes les épreuves.

Loin de se résumer à de simples documents historiques, les témoignages sur la Seconde Guerre mondiale n’ont pas fini de nous toucher. Ces trois récits sont particulièrement émouvants. On y découvre trois familles juives qui ont subi les conséquences de la guerre avec beaucoup de courage et de force. À chaque fois, c’est l’unité de la famille qui leur a permis de dépasser les horreurs.

Dans Un refuge pour l’espoir, tout commence par l’achat d’une maison de campagne aux Pays-Bas, le Haut Nid. Pendant sa rénovation, Roxane van Iperen y découvre une multitude de cachettes conçues pour la Résistance. Elle partage ici ses travaux de recherches sur les personnes qui en sont à l’origine : Rebekka « Lien » Rebling-Brilleslijper et Marianne « Janny » Brandes-Brilleslijper. Dès le début de la guerre, l’injustice leur semble intolérable. Ces femmes courageuses ne vont pas hésiter à s’investir dans la Résistance. Puis, quand la vie à Amsterdam n’est plus possible, elles trouvent refuge au Haut Nid avec leurs proches. Cette période est une bouffée d’air pour eux. Malheureusement, les sœurs sont déportées ensemble à Auschwitz puis à Bergen-Belsen où elles vont rencontrer la famille Frank.

Bergen-Belsen est connu pour être un camp de concentration de mort lente. Lili Keller-Rosenberg y a survécu. Dans Et nous sommes revenus seuls, elle raconte cette sombre période. Elle a grandi dans une famille juive non pratiquante, elle ne savait même pas ce qu’être juif signifiait. En 1943, elle est déportée avec sa mère et ses deux petits frères à Ravensbrück puis à Bergen-Belsen. Il est toujours aussi difficile de lire les conditions inhumaines du transport dans les wagons, l’arrivée au camp, le manque de nourriture, les séances d’appel et les risques de contagions au typhus et à la dysenterie. Au retour, elle est âgée de 12 ans, ses frères de 10 et 5 ans. Commence un parcours de l’après pour retrouver sa famille et surmonter cette enfance. Elle va consacrer sa vie de survivante de la Shoah à témoigner.

Maxim Leo rend hommage à sa famille dans Là où nous sommes chez nous en retraçant l’histoire de trois femmes berlinoises, Irmgard, Hilde et Ilse, qui ont tout fait pour survivre. Ces choix ont à la fois sauvé et bouleversé l’histoire de la famille. Le parcours et l’exil de ces femmes est retracé jusqu’aux générations actuelles. Ils sont éloignés géographiquement entre Berlin, Londres, Haïfa en Israël, Vienne et la France mais restent soudés par un lien plus fort, celui de partager une histoire commune.